J’avais envisagé il y a déjà quelques temps de faire cet article en hommage à Moebius lorsque j’avais appris son décès, mais le temps de relire la série ( j’ai la version US en fascicules) et de me décider à m’y mettre et l’article se retrouvait sans cesse repoussé. Au final, c’est l’actualité du moment qui m’a décidé à écrire ces lignes. Par cet article, j’espère à la fois rendre hommage à cet immense dessinateur qui a littéralement conquis le monde et dénoncer toute forme de fanatisme religieux qui est à la fois au cœur de l’actualité du jour et de cette aventure du Surfeur d’Argent.
Cette série en 2 épisodes du Surfeur d’Argent écrite par Stan Lee, l’un des pères de l’univers Marvel contemporain, et dessiné par Moebius, immense artiste français de science-fiction au rayonnement international, est détaché de toute continuité Marvel. Les seuls éléments à savoir pour apprécier l’histoire sont les suivants :
- Le Surfeur d’Argent est en fait un extraterrestre nommé Norrin Radd et Galactus est un être qui se nourrit de l’énergie vitale des planètes. Lorsque Galactus arrive sur Zenn-La, la planète natale de Norrin Radd, Norrin propose un marché à Galactus. Si Galactus épargne Zenn-La, Norrin Radd accepte de le servir et de lui trouver les mondes nécessaires à sa survie. Galactus accepte et transforme Norrin Radd en Surfeur d’Argent.
- Norrin Radd sert fidèlement Galactus jusqu’au jour où il arrive sur Terre. Notre planète lui rappelant Zenn-La, le Surfeur se rebelle contre Galactus.
- Galactus condamne alors le Surfeur à rester prisonnier de la Terre. Il lui fait aussi la promesse de ne plus chercher à détruire cette planète.
Au début de l’histoire, bien des années ont passé depuis la venue de Galactus. Cependant, l’arrivée d’un vaisseau spatial est détectée. Alors que le mystère plane autour de cet OVNI, un mystérieux clochard (en fait le Surfeur) se remémore les souvenirs de son ancienne vie sur un autre monde. Très vite, les évènements se précipitent lorsque l’occupant de ce vaisseau s’avère être Galactus. Cette fois-ci, les intentions de Galactus semblent différentes puisqu’il annonce une nouvelle ère pour l’humanité en échange de leur dévotion. Un révérend nommé Colton Candell va y voir l’occasion d’y gagner en influence auprès des masses en prêchant la bonne parole de Galactus à la télévision. Alors que les peuples du monde entier sous tous unis par cette nouvelle « religion », Galactus va alors décréter que toutes les lois sont caduques et tous les interdits sont levés. La Terre va alors se retrouver dans un chaos total et seul un homme va tenter de se dresser contre Galactus et de ramener le calme : le Surfeur d’Argent.
Autant le dire franchement, l’ensemble de l’histoire repose principalement sur le match retour entre le Surfeur et Galactus ce qui donne une impression de déjà-vu. Cependant, pour justifier cette rencontre, Stan Lee va alors proposer d’aborder le thème du fanatisme religieux (qui est malheureusement toujours d’actualité). Bien évidemment, le scénario ne parvient pas à éviter la caricature, la foule se rangeant quand même bien vite du côté de Galactus. Cependant, le sujet étant si fascinant et le Surfeur tellement noble qu’on pardonne les quelques lacunes de Stan Lee. A noter quand même un final très intéressant et riche en enseignements. Au niveau dessin, Moebius est aux antipodes de ce que Jack Kirby a pu faire sur le Surfeur. Là où le personnage de Kirby est massif, dynamique et semble vouloir sortir des cases, le Surfeur sous Moebius est plus élancé, tout en élégance et en grâce un peu comme dans un ballet. En deux épisodes, c’est une véritable révolution visuelle que Moebius va imposer au personnage en se démarquant de la très forte empreinte de Jack Kirby et son interprétation aura une très forte influence sur toute une génération d’auteurs outre-Atlantique (ex : Ron Garney sur ce même personnage).
Au final, je conseille vraiment de lire cette histoire que vous soyez fan de comics ou de BD européennes. Moebius a ouvert la voie à toute une génération de dessinateurs français travaillant de l’autre côté de l’Atlantique (Olivier Coipel, Richard Isanove, Stéphane Roux et j’en oublie certainement).
Bonus : Superman par Moebius