Supreme par Alan Moore : La meilleure histoire de Superman ?
Samedi 22 juin 2013Crée au début des années 90 par Rob Liefield pour la série Youngblood, Supreme est une sorte de Superman-like. Tout comme Superman, il a une cape, peut voler, possède une force extraordinaire et est invulnérable. En revanche, l’interprétation du personnage est plutôt fluctuante au fur et à mesure de ses différentes publications : il sera tantôt dépeint comme étant de nature très religieuse, ou comme étant le résultat d’une expérience scientifique etc … Il sera même remplacé au gré de ses aventures par une version féminine de lui-même ainsi que par une version adolescente. Dès l’épisode 41, c’est Alan Moore qui est en charge du titre, apportant au personnage et à son univers une certaine cohérence et insufflant au titre un nouveau départ.
Supreme, un super-héros amnésique, rentre sur Terre après un combat contre Loki, pour se rendre compte que son monde d’origine a été dédoublé. Cherchant à comprendre la situation, Supreme tombe nez à nez avec des versions alternatives de lui-même qui l’emmènent à Supremacy, le monde où vivent tous les Supremes après chaque redéfinition de la réalité. Comprenant que la phénomène qu’il observé sur Terre est une redéfinition, Supreme se voit offrir le choix de rester sur Supremacy ou de rentrer sur la Terre redéfinie. Refusant de laisser la Terre sans protecteur, Supreme décide de quitter Supremacy. De retour sur Terre, il découvre qu’il est en réalité Ethan Crane, dessinateur d’un comic-book intitulé Omniman. Petit à petit, Supreme va retrouver tous ses souvenirs en commençant par ses nouvelles origines.
Après les chefs-d’oeuvre écrits pour DC Comics tels que Watchmen, Swamp Thing, Batman The Killing Joke etc …, Supreme marque le grand retour d’Alan Moore sur le genre super-héroïque. Disposant d’une liberté créative totale, Moore va entièrement redéfinir l’univers crée par Rob Liefield dans les pages de Youngblood pour laisser libre-cours à son imagination. Pour celà, il utilise une astuce simple mais efficace, la « redéfinition » qui se produit dans le premier épisode qu’il écrit. Une fois posé les bases de son nouvel univers, Moore est libre d’amener Supreme (et les autres héros crées par Liefield par la même occasion) dans une toute nouvelle direction. Moore va alors choisir de créer des origines à son personnage dans le plus pur style du Golden Age. Ainsi, les aventures contemporaines de Supreme, dessinées dans un premier temps par Joe Bennett, sont entrecoupées d’histoires faites dans le style du Golden Age (les années 40) ou du Silver Age (les années 60) servant de flashbacks lorsque Supreme retrouve certains de ses souvenirs perdus. Ces flashbacks, dessinés par le talentueux Rick Veitch (Les Tortues Ninja : La Rivière), sont des références assumées aux aventures de Superman. Ainsi, on peut découvrir que par le passé, Supreme a été ami avec le Professeur Night, un pastiche de Batman, ennemi avec Darius Dax (une référence à Lex Luthor), membre d’un groupe appelé les Supermen Alliés d’Amérique (un clin d’oeil à la JSA) etc … Ces flashbacks contruisent l’histoire de Supreme et montre clairement que Moore assume l’héritage du Golden Age et du Silver Age, chose que DC refusait de faire sur Superman depuis Crisis On Infinite Earths. Plus important, à travers Supreme, Alan Moore fait son mea-culpa pour avoir contribué à rendre les héros plus sombres à travers son oeuvre de référence, Watchmen, et prône pour un retour à l’innocence dans le genre super-héroïque. Au niveau des points négatifs, Supreme va voir se succéder plusieurs dessinateurs pour les périodes contemporaines. Sur le premier arc réuni dans le premier album chez Delcourt, on peut voir se succéder Joe Bennett, Mark Pajarilllo, Chris Sprouse, Richard Horie entre autres. Ça crée un véritable manque d’uniformité graphique et surtout, tous ces dessinateurs n’ont pas le même niveau. Par chance, Rick Veitch s’occupe de toutes les séquences flashback ce qui fait de lui le véritable dessinateur régulier de la série. Un petite critique pour moi qui possède les fascicules de Panini (publiés de la fin des années 90) et les albums de Delcourt (plus récents), c’est que la reproduction des planches est de moins bonne qualité sur la version album cartonné de Delcourt (un peu comme des JPEG en basse qualité). C’est un peu dommage lorsqu’on sait que seul Delcourt a publié la suite du premier arc de Supreme dans un second album.
En bref, peut-être l’un des comics à posséder absolument, surtout si on est fan de Moore, du Superman du Golden ou du Silver Age ou si on veut parfaire sa culture comics. C’est pour moi un véritable must tant l’univers de Supreme est riche et l’écriture de Moore brillante.