
S’il y a bien un nom qui est connu des fans de comics, c’est celui de Jack Kirby. En effet, Kirby est l’un des auteurs les plus influents du monde des comics. Co-créateur pendant la seconde guerre mondiale de Captain America, Kirby participe à l’élaboration de l’univers Marvel dans les années 60. C’est durant cette période qu’il acquiert le surnom du King, surnom qu’il a plus que mérité lorsqu’on voit l’énergie qui se dégage de chacune de ses planches. Dans les années 70, Kirby quitte Marvel fâché et rejoint DC, le principal concurrent de Marvel. C’est chez DC qu’il lance ce qui est pour beaucoup son chef d’œuvre, le Quatrième Monde, composé de 4 séries : Jimmy Olsen, Forever People, New Gods et Mister Miracle. Il reviendra ensuite chez Marvel pour reprendre Captain America et lancer entre autres les Eternels (une série dont la thématique est très proche du Quatrième Monde), Machine Man, Black Panther etc …

Alors 2015 sera-telle l’année Kirby ? Cette question peut peut-être étonner certains d’entre vous, mais force est de constater que depuis quelques temps, Kirby connait un regain d’intérêt de la part des éditeurs français (notamment Urban). Certes, Kirby n’a jamais vraiment été absent en librairie, mais la plupart des travaux du maitre qui ont été publiés sont des travaux Marvel des années 60 qu’on pouvait retrouver au sein d’intégrales ou de Marvel Classic pour le kiosque. Mais ses travaux les plus personnels réalisés dans les années 70 ont, pendant longtemps, été laissés de côté par les éditeurs français malgré quelques projets ici et là (les Eternels chez Panini en 2008 par exemple). La véritable offensive viendra d’Urban en 2012 avec une anthologie consacrée au maitre. Suivra ensuite Kamandi en 2013/2014. Pour moi, la volonté d’Urban est claire, il s’agit de tester le public avant de s’attaquer au morceau de choix, le Quatrième Monde. Mais la fin de 2014 et le début de 2015 va voir le nombre de projets augmenter : publication d’OMAC et du Quatrième Monde chez Urban ainsi que d’une biographie écrite par Mark Evanier et publication d’une histoire inédite de Captain America écrite et dessinée par Kirby chez Panini. N’oublions pas non plus l’exposition consacrée à l’auteur lors du festival d’Angoulême pour se convaincre que cette année sera définitivement dédiée au King.

Bien évidemment, si vous souhaitez découvrir l’auteur, je ne peux que vous recommander très chaudement le Quatrième Monde et les Eternels qui sont des œuvres majeures chez Kirby. Mais j’ai néanmoins choisi, pour cet article, de jeter mon dévolu sur deux autres albums du maitre, à savoir OMAC et Captain America : Bicentennaire. Il y a deux raisons pour cela : la première raison est que chacun de ces deux récits est plutôt méconnu des lecteurs français (et pour cause, OMAC n’a été publié que dans une vieille série Aredit, Le Manoir des Fantômes, et n’a jamais été réédité alors que Captain America : Bicentennaire est carrément inédit) et la deuxième raison est qu’il y a pour moi un petit fil conducteur entre ces deux albums. Dans OMAC, on découvre le Monde de Demain c’est à dire l’avenir tel que Kirby se l’imagine. Dans ce futur, toute violence a été bannie. Pour maintenir la paix, l’APP (Agence Planétaire de la Paix) décide de transformer Otto Ordinaire, un employé de bureau plutôt modeste, en OMAC (Organisme Métamorphosé en Armée Condensée, merci pour les acronymes les gars), un surhomme capable de garantir la paix dans ce monde. Si cet album permet à Kirby de critiquer le monde moderne, il laisse cependant un gout d’inachevé en raison de l’arrêt brutal de la série pour cause de mauvaises ventes. La série reste néanmoins dense et jouissive, Kirby semblant lancer de nouveaux concepts toutes les deux-trois pages. En revanche, Captain America : Bicentennaire nous montre un Captain America obligé de visiter l’Amérique du Passé par Monsieur Budda, un être aux pouvoirs mystiques étranges, pour comprendre ce qu’est vraiment le pays dont il défend les valeurs : l’Amérique. Cet album, publié en 1976 aux États-Unis en raison du bicentenaire du pays, est présenté dans son format tabloïd d’origine avec une jaquette qu’on peut déplier pour former un poster géant. Au niveau, de l’histoire, c’est très patriotique, bicentenaire oblige, mais les dessins de Kirby, magnifiés par l’encrage d’autres dessinateurs légendaires, John Romita, Herb Trimpe et Barry Windsor-Smith, sont magnifiques. De toute façon, il suffit de mettre côte à côte les noms de Captain America et de Kirby pour obtenir quelque chose de magique. Le fil conducteur entre ces deux albums : au départ, l’histoire d’OMAC était un projet pour une histoire de Captain America dans le futur.